Et si compenser nos émissions de CO2 était un acte solidaire ?

Résumé du Café-climat du 22 octobre 2012, au Pôle Régional des Savoirs à Rouen, avec Carbon Engineer et The Tree Hub.

Contexte

Depuis les années 90, la prise en compte de la nécessité de réduire les émissions anthropiques de gaz à effet de serre, a poussé la communauté internationale à réfléchir sur des mécanismes de mitigation des changements climatique.

Une partie importante des émissions est émise par les secteurs de l’industrie et du transport, ainsi les pays développés se sont engagés avec le Protocole de Kyoto à réduire leurs émissions de CO2. Les crédits carbones ont donc été créés pour permettre aux entreprises de mettre en place un mécanisme de compensation d’émission sur un marché régulé.

La perte de couverture forestière est aussi une source importante d’émission de CO2. Le marché volontaire de carbone a donc été mis en place afin de permettre aux pays en voie de développement d’améliorer leurs activités productives afin de diminuer la déforestation ou les impacts sur la biodiversité. Ainsi les crédits carbones permettent de financer ces initiatives qui ne pourraient exister dans l’état actuel des politiques et des ressources économiques des populations locales.

Les mécanismes de compensation d’émission de CO2

Les émissions anthropique de CO2 sont considérées à l’origine de l’augmentation de l’effet de serre et donc des changements climatiques. Ce gaz est émis par la surconsommation d’énergie fossile dans le secteurs de l’industrie et du transport principalement. La déforestation est aussi une source non négligeable d’émissions de CO2 et provoque aussi la perte de cet écosystème qui procure de multiple services environnementaux. La forêt capture naturellement le dioxyde de carbone lorsque les arbres réalisent la photosynthèse. Afin de pouvoir réduire les émissions de ce gaz ou d’augmenter sa capture dans le but de réduire les changements climatiques, des mécanismes de compensation ont vu le jour après l’adoption du Protocole de Kyoto. Les émissions de dioxyde de carbone liées à la déforestation représentent 10 % des émissions d’origine humaine rejetées dans l’atmosphère.

Dans cet article nous allons seulement nous concentrer sur le mécanisme de compensation des émissions de les projets carbone en marché volontaire CO2 sur le marché volontaire.  Ce marché est destiné aux acteurs (organisations, entreprises et particuliers) qui ne sont pas soumis au marché régulé, leur permettant de compenser leurs émissions sur la base du volontariat grâce à l’échange de crédit carbone. Ainsi une entreprise désireuse de compenser ses émissions de CO2 peut acheter les crédits carbone d’un acteur qui à générer ces crédits grâce à la mise en place d’alternatives permettant la réduction de ses émissions (réduction de la déforestation) ou même la capture de dioxyde de carbone (reforestation).


Il existe 3 types de projets forestiers en marché volontaire : les projets de reforestation, de déforestation évitée et d’amélioration de la gestion forestière.

  • Reforestation :
    Projet visant à la récupération d’espaces forestiers par la plantation d’arbres sur des surfaces agricoles, n’ayant pas eu d’usage forestier durant un certain nombre d’année. Ce projet permet de générer des crédits carbone pour la capture du CO2 que permet ce type de projet.
  • Déforestation évitée :
    Projet permettant d’éviter ou de réduire une déforestation planifiée. Par exemple dans le cas d’un taux annuel de déforestation causé principalement par l’expansion d’une activité agricole, comme l’élevage bovin extensif, la mise en place d’alternative de production ou l’amélioration des techniques traditionnelles, permettant la réduction de l’espace nécessaire à la croissance de cette activité et ainsi la conversion d’espaces forestiers en espaces agricoles (déforestation), les émissions de dioxyde de carbone évitées peuvent être convertit en crédit carbone sur le marché volontaire.
  • Amélioration de la gestion forestière :
    Projet permettant d’éviter la dégradation de la ressource forestière en appliquant les standards de l’aménagement forestier durable pour une gestion raisonnée de la ressource en bois, mais aussi dans la préservation de la biodiversité. L’objectif est de réduire les émissions de dioxyde de carbone liées à la gestion non durable des forêts.

REFORESTATION
Terre agricole -> Terre forestière (capture de CO2)

DEFORESTATION EVITEE
éviter que Terre forestière -> Terre agricole (réduction des émissions de CO2)

AMELIORATION DE LA GESTION FORESTIERE
éviter la dégradation de la ressource forestière (réduction des émissions de CO2)

 

Certification des projets carbone en marché volontaire

Pour que les projets carbone en marché volontaire puissent générer des crédits carbone valides sur le marché volontaire du carbone, ils doivent se soumettre à des standards de certification. Il en existe plusieurs (Verified Carbon StandardCDM Gold StandardClimate Action ReservePlan Vivo…), ayant chacun leurs avantages et leurs inconvénients, l’important étant de pouvoir choisir le standard le plus approprié au contexte du projet et aux marchés des futurs acheteurs. Certains prennent plus en compte les composantes sociales des projets et certifient que les crédits carbone achetés ont un impact positif pour les communautés locales. De manière générale les standards de certification des crédits carbone en marché volontaire sont très rigoureux et souvent couteux à mettre en place, mais permettent d’assurer un réel impact des projets et assurent aux acheteurs une valeur des crédits carbone (1 tonne de CO2).

De plus les projets carbone en marché volontaire doivent assurer et démontrer des impacts socio-économiques positifs pour les communautés locales mettant en place ces projets. De nombreux indicateurs doivent être mesurés et suivis tout le long des projets qui ont souvent comme compromis de temps 20 à 30 ans. Les projets doivent démontrer leur viabilité, leur additionnalité (c’est-à-dire que démontrer que le projet ne pourrait pas avoir lieu sans le financement de la compensation carbone), leurs risques et les possibles fuites et assurer la gouvernance des communautés locales participant processus de développement.

Afin de valider le projet et de pouvoir certifier les crédits carbone, une vérification est réalisée par des organismes indépendants au début du projet et tous les 4-5 ans durant l’ensemble de la période de gestion du projet. Ce monitoring permet de suivre l’évolution du projet et assurer que les indicateurs évoluent dans le bon sens.

Conclusion

On comprend maintenant que compenser ses émissions avec des crédits carbone en marché volontaire est une opportunité d’allier mitigation des changements climatiques, conservation de la biodiversité et développement rural. Les crédits carbone sont en faites un levier économique au développement de pratiques durable de la gestion des ressources naturelles. ce n’est pas seulement une tonne de dioxyde de carbone que vous compensez, mais aussi des populations locales que vous soutenez, permettant ainsi la mise en place de nouvelles initiatives de développement local, la création d’emplois par la formation et la création d’entreprises sociales.